La tâche s’annonce ardue puisqu’il doit réaménager un espace qui entend rendre hommage au colonel Arnaud Beltrame. Un nid ? Un rubis ? Un coeur ? Que peut bien représenter cet enchevêtrement de lignes présent sur la place de la Paix. Nul ne le sait vraiment, pas même son auteur Nicolas Sanhes. Ce dernier préfère laisser libre cours à l’imagination. Originaire de Rodez, cet artiste aux allures de dandy a fait de ses sculptures filiformes sa spécialité.

SAVOIR LIGNE ENTRE LES LIGNES

« C’est un travail issu de ma culture paysanne, c’est un peu comme des herses, des piques. Ce travail de la ligne s'inscrit dans une géométrie nouvelle qui a été nommée par le critique d'art Jean-Louis Poitevin la "géométrie incidente" »,

explique-t-il.

Pour arriver à ce résultat, l’artiste façonne et assemble des segments d’acier de tailles variables afin de créer des lignes. L’objectif est de les regrouper pour obtenir un seul et même corps. C’est un exercice à la fois périlleux et pointilleux puisqu’une seule de ces lignes pèse près de 455kg. Toujours est-il que le concept séduit, de nombreuses villes (Rodez, Valenciennes…) ont fait appel à lui.

BOULEVERSER L’ORDRE ÉTABLI

 «Aujourd’hui on m’a demandé de transformer la place du colonel Arnaud Beltrame. J’ai fait le choix d’installer une pièce sur un grand socle de béton noir. En hiver, la sculpture blanche s’y reflétera »,

savoure-t-il.

La vie n’a pourtant pas été toujours simple. Malgré un parcours scolaire "chaotique", Nicolas parvient à intégrer les Beaux Arts de Perpignan. Après avoir roulé sa bosse dans le sud, il monte en 1997 en région parisienne. Après des soucis de santé, le Ruthénois ne se laisse pas abattre et poursuit sa quête artistique de la perfection. Aujourd’hui totalement remis, il s’est établi à Trappes-en-Yvelines et entend bien véhiculer un message d’espoir et de combat, un peu comme le colonel Arnaud Beltrame.