Partie de Marseille le 15 octobre 1983 dans l'indifférence quasi-générale, la Marche pour l'Égalité et contre le Racisme est accueillie le 3 décembre 1983 à Paris par 100 000 personnes dans une ambiance de grande fête (inter)nationale.

La plupart des médias s'emparent de l'événement, titrant sur le « coup de cœur pour les Beurs », et dans la foulée s' entiche pour la mode « Blacks Blancs-Beurs ». Le gouvernement d'alors et les célébrités du moment s'affichent aux côtés des initiateurs de la Marche, désormais considérée comme un acte fondateur pour la jeunesse des banlieues et comme un dynamique renouveau de l'antiracisme.
Jusqu'au sein de la France profonde, nombreux sont celles et ceux qui, emballés par l'énergie débordante, se sont identifiés aux Marcheurs, hommes ou femmes, et à leur message, résolument optimiste : « l'amitié est plus forte que le racisme ».

Cette exposition du photographe Amadou Gaye met l'accent sur trois temps forts :

• Les prémisses de la Marche, avec les mobilisations au niveau local contre les crimes racistes ou sécuritaires, les violences policières aussi, qui se multiplient à travers le pays;
• L'étape de Strasbourg, à mi-parcours, marquée par l'effroyable meurtre de Habib Grimzi, défenestré le 15 novembre 1983 par trois apprentis-légionnaires du« train d'enfer » Bordeaux-Vintimille;
• Enfin l'apothéose, avec l'arrivée en région parisienne, les 2 et 3 décembre 1983 : des perrons des mairies en banlieue à l'interminable défilé d'une foule bigarrée, de la Bastille à la gare Montparnasse, pancartes et banderoles brandissent le nom des quartiers ou des villes de provenance des participant-es. Avec un leitmotiv : « Bienvenue aux Marcheurs des Minguettes », en référence à ce quartier au sud de Lyon où tout a commencé.

Amadou Gaye a pris le parti de suivre la Marche en s'immergeant au plus près des marcheurs, des marcheuses et de leurs soutiens, têtes d'affiche ou anonymes, dresse leur portrait in situ tout en partageant les moments de joie et d'espoir, de doutes aussi. Il n'élude pas une certaine incrédulité de leur part face aux discours des élus lors des réceptions officielles. Il se détache ainsi des postures et représentations convenues, institutionnelles ou militantes, et permet d'imaginer des formes renouvelées d'apparition dans l'espace public. Avec lui, entre marche à pied, discussions et réunions internes d'étape on rigole beaucoup, sans jamais perdre de vue l'objectif commun :

« l'égalité des droits, la justice pour tous ».

Mogniss H. Abdallah

Amadou Gaye, photographe et comédien franco-sénégalais, a couvert la Marche de 1983 pour le journal Sans Frontière et pour l'agence de presse Vivo. Ses photos ont fait la Une de nombreuses publications, et ont figuré au cours des quarante dernières années dans plusieurs expositions et ouvrages, contribuant ainsi à mieux faire entrer la Marche pour l'égalité et contre le racisme dans I'Histoire.

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06 37 58 45 41 - gayeamadou92@gmail.com