« Cela fait 15 ans que je travaille sur la transformation urbaine et sur le lien entre habitants et territoires. C’est le cœur de ma démarche artistique. J’avais donc des éléments pour aborder la problématique de manière sereine. Mais beaucoup d’enjeux sont condensés ici. De l’industrie automobile en passant par l’urbanisation, l’uberisation, l’immigration... c’est une ville monde où des  habitants de multiples nationalités peuvent aborder un nombre incalculable de sujets qu’ils vivent au quotidien. Et ça c’est une richesse formidable ! Et puis,  c’est la première fois que je travaille en même temps avec autant d’acteurs différents sur un territoire de cette taille et sur une temporalité aussi longue. En quatre ans, on a vraiment le temps de voir les choses se mettre en place. » Profondément marqué par son expérience trappiste, Thierry Payet a su tisser des liens privilégiés avec les habitants et les services de la Ville. Et pourtant, le défi était de taille : Comment accompagner la transformation du territoire tout en créant du lien entre les institutions et les habitants ?

Des histoires pour créer du lien

Pour ce faire, il est allé à la rencontre des habitants et des agents des services de la Ville et il a récolté des histoires intimes liées à des lieux de la commune qui étaient importants pour eux.  Avec l’aide des services techniques, des écoliers et des habitants,  Il a ensuite choisi de partager ces récits en les plaçant à des endroits stratégiques du territoire et au sein même des services de la Ville.   Certaines ont été spatialisées sur des cartes qui vont être prochainement placées sur des panneaux près de la gare, d’autres ont été gravées au laser sur des tables qui sont utilisées lors d’événements municipaux, d’autres encore ont été épinglées dans des vitrines disposées dans des lieux publics ou « collées » par des écoliers dans les espaces de l’École de musique et de danse, certaines vont faire pousser des pommiers près du marché…  Les méthodes sont variées, mais le but est toujours le même : créer et diffuser du lien. Un pari que l’artiste a relevé grâce à un investissement sans faille. « Mon métier consiste à réaliser des choses impossibles et à espérer ensuite qu’elles auront assez de puissance,  confie-t-il. Aujourd’hui, je fais un peu partie du paysage. Les habitants et les employés municipaux, m’interpellent et me font confiance. Ils savent que je tente de sortir quelque chose de positif de leurs histoires. Donc on peut dire que  ça a pris. Un lien est né. Entre les habitants eux-mêmes, mais aussi entre les habitants et la ville. Peut-être que je l’incarne en tant que passeur. »

Retrouvez le film "Trappes épopées" en bas de cette page.