REPORTE SUR 2021/2022 - Suzane + Karimouche
Retrouvons la révélation scène des Victoires de la musique 2019 française, Suzane, "conteuse d'histoires vraies sur fond d'électro", comme elle se définit. Elle distille un mélange d'électro-pop et de textes de variété française à la manière d'Eddy de Pretto, inspiré des grands noms de la musique comme Stromae ou encore Christine, qui met aussi la danse comme élément central.
Une année a passé. Après un premier EP remarqué, SUZANE a dépassé l’ombre de l’anonymat et accéléré la cadence. Les quelques concerts des débuts se sont transformés en une tournée gigantesque. Il n’y a pas eu de palier de décompression pour la jeune artiste sudiste. Puis est venu le temps de son premier album.
Du rien, au tout !
« Toï Toï » : dans les arts de la scène, c’est ce que l’on se dit pour se souhaiter bonne chance avant une représentation. Affaire de superstition donc. Et puis, plus joli que le mot de Cambronne…
« La première fois que je suis montée sur scène, on m’a dit « Toï Toï », ça ne m’a jamais quitté depuis… »
Phonétiquement, c’est encore le jouet, en anglais. Et SUZANE aime jouer : se jouer des codes, et faire jouer ses histoires et ses personnages. Les petits mondes qu’elle édifie grâce à ses chansons, elle y tient. Ils lui sont chers ! Car ce sont des histoires vraies qu’elle nous conte.
Sur ce disque à la fois fier et inclassable, SUZANE a composé des missiles à tête chercheuse. Des chansons qui ne font pas de prisonnier. Subtil croisement des genres, où les émotions ne sont jamais galvaudées. Ce disque est saisissant et furieusement vivant. Addictif, évident.
KARIMOUCHE
Elle passe d’une vie à l’autre entre deux riffs. Silhouette féline des faubourgs hexagonaux. Boule de feu des cafés concerts. Dépositaire des aubes de Kabylie. Peu importe les métamorphoses : c’est à sa voix qu’on reconnaît Carima Amarouche, alias Karimouche. Une voix chaude, frondeuse, qui bouscule nos certitudes sur des beats hypnotiques. Impossible de lui assigner une origine, une adresse, un emploi ou même une humeur. D’où vient-elle ? La portée universelle de sa musique rend la question vaine. Son troisième opus, Folies Berbères, en témoigne : si l’influence orientale est résolument assumée, elle ne bouscule pas moins les frontières établies. Dans ce nouvel opus, Karimouche, comme à son habitude, conjugue poésie, chronique sociale et sens de la dérision, arme qu’elle manie à coups d’Auto-Tune. « Qui sont ceux qui ont utilisé le vocodeur pour la première fois ? demande-t-elle. Ni PNL ni Booba ! Ce sont des artistes du Maghreb, comme la chanteuse populaire algérienne Cheikha Rimitti, qui me rappelle tant mon enfance… En concert, j’explique tout ça à la manière d’un sketch ! » Il faut en effet la voir tenir une salle hilare pour prendre la mesure de son inspiration. L’évidence s’impose : Karimouche n’a qu’une patrie, la scène. Alexandre Kauffman